A l'époque où Phénice n'avait pas encore achevé la Grande Muraille, les bâtisseurs proposèrent de construire des tours pour loger les habitants. De la sorte, on gagnerait de la place et les tours pourraient servir à la défense du stallite en cas d'invasion. Les prôneurs approuvèrent le projet et le chantier commença le long de la coulée nourricière de l'Amicale. Mais très vite, les couts grimpèrent. Il fallut abandonner la pierre trop lourde à extraire pour le fer et même la tôle. Les prôneurs finirent par douter de ce projet démesuré et quatre ans plus tard, il fut abandonné définitivement. Les cinquante-six tours déjà construites furent conservées et laissées au fouineurs sans hésitation. On craignait qu'elles ne s'écroulent aux premiers soubresauts du volcan. D'années en années, celles ci se peuplèrent et s'agrandirent de bric et de broc. Chacune d'entre elles devint un espace de pensée, un endroit clos abritant plusieurs familles partageant les mêmes idéaux. Aujourd'hui, le quartier des Libres-Tours est considéré par les prôneurs comme un lieu dangereux, elle s'est personnalisée et a fini par instaurer son propre régime politique. Les tours se livrent entre elles à une guérilla féroce, sourde et invisible que les gardiens du feu observent attentivement.

La Tour Matriarcale

Cette tour carrée, haute de quarante-cinq mètres, abrite près d'une cinquantaine d'habitants dirigés par un conseil matriarcal. Une tour aux cinq premiers étages de pierres et aux quartes derniers ne métal, chapeautée par une sorte de bulle en cuivre où siègent les vingt femmes du conseil. A l'intérieur, le hommes obéissent aux femmes. Considérés avant tout comme des géniteurs, ils ne participent pas à la vie courante de la tour. Seules les femmes sont habilitées à gagner le puits creusé sous la tour où s'étend une vaste champignonnière clandestine. Quant à l'énergie, elle est fournie par de grosses éoliennes dont les pales sont visibles par dizaines sur les flancs de la tour et au sommet. Actuellement, la tour matriarcale tente de nouer une alliance avec sa voisine, la tour de Valdi, dont les sous-sols regorgent de silicium (acheté par les bâtisseurs). Une alliance qui intervient au moment ou la fédération des tours menace d'entreprendre une vaste campagne terroriste.

La Tour Sentinelle

Les gardiens du feu ont réalisé qu'il n'étaient pas en mesure de nettoyer ce quartier d'agitateurs d'un seul coup : ils craignaient un conflit difficile et surtout, la réaction des phéniciens. Aussi, en accord avec les prôneurs, ont ils racheté une tour. Désormais, ils favorisent tel ou tel clan, attendant que l'un d'eux faiblisse pour s'emparer des terrains en douceur. Une sorte d'expropriation qui devrait s'étaler sur plusieurs années. Ce genre de procédure est bien entendu illégale, mais les lois phéniciennes sont de moins en moins respectées. La Tour Sentinelle est une véritable place forte, peuplée uniquement de volontaires dont on connait l'animosité à l'égard des fouineurs. En tout une garnison de près de quarante hommes dont la moitié fait chaque jour l'aller et retour jusqu'à l'Atre pour y chercher de la nourriture. C'est là la seule faiblesse de la Tour Sentinelle qui , contrairement aux autres n'est pas autonome.