De tous les endroits de la Première Marche, il est sans doute le plus misérable. il est même difficile de parler d'un quartier puisque la Nouvelle Coulée est une gigantesque décharge à flanc de volcan, une véritable avalanche de déchets, débris et immondices qui semble s'écouler toujours plu loin. Au pied de cette corruption nauséabonde, un amoncellement d'abris de fortune abrite la population des exclus et des parias de Phénice, un sort plus pénible que le bannissement diraient certains. Visible de loin du fait de son architecture inexistante, on peut voir de maigres silhouettes en haillon trébucher sur les flancs spongieux de la coulée au milieu de nappes de gaz de décomposition luminescents. On l'aura compris, le nom de ce quartier n'est pas un synonyme de nouvel élan, cette référence ironique aux coulées nourricières exprimant en fait la dureté et la précarité de la vie dans le stallite.

Les décharges et les puits de Récupération

Située sous la muraille de la Grande Marche, la Nouvelle Coulée est alimentée quotidiennement par tous les déchets du niveau supérieur. Par culpabilité, voire par bienveillance perverse, il est fréquent que des notables viennent en famille jeter eux même quelques déchets pour nourrir les fouineurs d'en bas. Ainsi, une véritable économie d'exploitation des ordures permet à toute une population de survivre en triant les déchets. Les trésors ainsi exhumés sont échangés dans d'autres quartiers contre une nourriture saine ou de l'alcool. Cette activité très dangereuse, car il faut parfois creuser dans le sol instable où les rats pullulent. la Nouvelle Coulée est devenue le théâtre d'une lutte pour la survie entre les déchus du stallite et ces animaux féroces et vicieux. Du fait de ces conditions misérables, les fouineurs de la Nouvelle Coulée succombent vite de famine ou de maladie, avant d'être dévorés par les rats.

Les Torchères

Le seul semblant d'activité organisée au sein de la Nouvelle Coulée se manifeste par une série de Torchères branlantes d'où s'échappent régulièrement des flammes produites par la purge des cuves à gaz. Cette zone est entretenue par un groupe privilégié qui s'occupe d'incinérateurs et de la production de méthane obtenue par décomposition des déchets dans des cuves souterraines. Le produit de cette petite industrie est acheminé vers les coulées nourricières et la Marche des bâtisseurs par un système de tuyauterie mal entretenu en échange de nourriture et d'objets neufs.