La cité interdite est comme une couronne posée sur le cratère. Son architecture de verre et de vitraux borde l'arête du cratère, à l'extérieur et à l'intérieur (là, les bâtiments reposent sur de solides échafaudages et des ancres). Pour tous les habitants de Phénice, la cité interdite est un lieu mystique. En théorie, seuls les prôneurs et les meilleurs y ont accès et les visiteurs n'appartenant pas à cette caste sont tenus de demander l'autorisation auprès de l'administration de la Marche des Lumières : ici, le volcan raconte son histoire, une histoire agitée faite de gémissements rauques, de sanglots mélancoliques, hurlements et de pleurs, de grincements et de lamentations. Ici, plus que partout ailleurs, les prôneurs sont en contact avec tout ce pourquoi ils vivent et luttent : le feu, la chaleur et la lumière. Les gardiens des traditions "ressentent" l'esprit bienveillant de Solaar et "vivent" leur présence, conscients de la formidable puissance de la montagne sur laquelle ils ont bâti leur existence, à son bourdonnement assourdissant, à sa chaleur infinie et à son aveuglante clarté. Une fois passé de l'un des accès sacrés qui seuls permettent de pénétrer au sein de la Cité Interdite, le prôneur est toujours saisi par la même crainte et parle même vertige, le souffle coupé par l'incroyable beauté du spectacle qui s'offre a ses yeux engourdis par le froid et l'effort. battue par de violentes rafales de vents glacés, la Cité Interdite dévoile à son regard ses ineffables beautés. Les prôneurs expliquent souvent que même après trente ans de visite quotidienne, l'impression est toujours la même : le gigantisme du cratère, l'incroyable puissance des forces qui s'y meuvent, à plus de cent mètre au contrebas, la beauté presque surnaturelle des constructions de verre qui bordent son arête et la prodigieuse structure du Palais Suspendu, légère et aérienne, fait souvent venir les larmes aux yeux. Conscients du caractère éminemment sacré de ce site, symbole à lui seul du stallite tout entier, de son histoire et de son identité, les habitants de Phénice le révèrent tel un lieu saint et inaccessible aux beautés fantasmées, un lieu à la beauté presque cruelle qu'ils auront jamais, dans leur grande majorité, le loisir de contempler ne serait ce qu'une seule fois.

Le Cercle de Feu
Une ultime muraille se dresse près du cratère, bloquant l'accès à la Cité Interdite. Plus symbolique que défensive, son accès n'en reste pas moins limité. Il s'agit d'une barrière de verre et de vitraux colorés, percée de douze entrées sévèrement gardées par le corps d'élites des Phalanges Basaltiques des gardiens du feu. Des éclats de verre tranchants ont été érigés comme barrière pour ceux qui voudraient l'escalader, un crime rare, passible de bannissement. Derrière le cercle, se trouve un chemin circulaire qui fait tout le tour du cratère. Une rambarde de sécurité a été érigée entre le chemin et le cratère afin d'éviter les accidents malencontreux. Certains prôneurs ont coutumes de faire douze fois le tour du volcan en une journée. Ces longues marches symboliques sont appelés errances lumineuses. Elles sont censées vider l'esprit des marcheurs et leur apporte réflexion et sérénité.

La Maison des Vœux
Nombreuses sont les bâtisses suspendues au dessus de la gueule du volcan, elle font l'admiration des observateurs mais n'offrent pas toutes les garanties de sécurité que l'on pourrait attendre d'elles. En effet, il est arrivé par le passé que certaines d'entre elles se détachent en partie ou en intégralité pour venir s'abimer dans le lac de lave. Des pierres basaltiques ont été érigés à l'endroit où ces catastrophes se sont produites. Il est certains que si une éruption majeure venait à ébranler le volcan, ces constructions et leurs éventuels habitants seraient les premiers à en pâtir.
La maison des vœux est une des ces bâtisses les plus réputées qui sillonnent les abords du cratère. On prétend qu'il suffit de jeter un objet du haut de son toit en terrasse pour voir s'accomplir ses vœux. La qualité de réalisation du vœux étant proportionnelle à la valeur de l'objet en question, il est assez difficile de vérifier la véracité de la légende.

Le cloitre de Velours
Accolé au Cercle de Feu, ce bâtiment vaguement gothique surprenant par ses proportions aériennes et compliquées. Il abrite une centre d'enseignement réservés aux jeunes filles destinées aux plus hautes fonctions parmi les prôneurs. L'enseignement en lui même s'étale sur cinq ans mais contrairement aux hommes, les élèves sont rarement accès aux cours par la suite. En théorie, l'homme et la femme sont égaux dans la religion phénicienne. En pratique , il faut comprendre qu'une certaine ségrégation persiste dans les couches les plus hautes du clergé phénicien. Tourné vers la méditation, la réflexion et l'étude approfondie des textes sacrés. l'enseignement aux femmes est plus théorique que pratique. Le Cloitre de Velours tire son nom de l'ambiance feutrée et faussement tranquille qui y règne. Les Mathers chargées de l'enseignement des novices sont réputées pour leur sévérité inflexible, et les élèves sont cloisonnées pendant quatre ans, ne sortant de la Cité Interdite qu'au cours de leur cinquième année.

Le Palais Suspendu
Les prôneurs et les séminaristes se rendent souvent au Palais Suspendu pour s'y ressourcer, mettre leur foi à l'épreuve ou tout simplement méditer. Il s'agit d'une tour de métal dodécagonale haute de trois étages, large d'une vingtaine de mètres, percée de douze portes communiquant chacune avec un pont et d'autant de meurtrières garnies de minces vitraux. Le plancher est fait de fer, soutenu par une armature de verre croisée quiconque baisse les yeux vers le sol voit la gueule du volcan s'ouvrir en dessous à plusieurs dizaines de mètres en contre bas. Le palais lui même est quasiment vide. Un escalier en colimaçon trône en son centre. Il mène au niveau supérieur, aussi vide, mais ne possédant pas de murs. A cette hauteur, la température est très froide et le second niveau est souvent battu par les vents glacés. Certains prôneurs aiment rester plusieurs jours sans manger et torse nu, afin de mortifier leur chair et d'entrer en communion avec l'esprit fondateur de la cité ou de Solaar.

Le FaRaHa
Le pilier central qui part du deuxième étage du Palais Central traverse le troisième niveau et s'élève vers le ciel comme un symbole de lumière. Équipé d'une série de douze miroirs polis actionnés par un système complexe de poulies et de leviers, le FaRaHa de Phénice est certainement le plus grand de toute la Roke. Reflétant la lumière qui tombe sur le stalllite, ces miroirs font office de phares et de projecteurs. ils sont théoriquement capable, grâce a un jeu des réfractions et des dizaines de loupes amovibles qui leur sont adjointes, d'éclairer n'importe quel point du stallite avec une précision d'une vingtaine de mètres. En pratique cependant, cette spécificité est très rarement utilisée et les miroirs placés en corolle se contentent de réfléchir la lumière vers le ciel en un faisceau rectiligne et vertical. Datant d'une centaine d'années, le FaRaHa a été inspiré par plusieurs marcheurs étrangers. Censé neutralisé tout intrus pénétrant dans l'enceinte de la ville, le rayon reste cependant relativement inefficace à l'échelle du stallite et reste rarement utilisé en dehors des cérémonies. La lumière du FaRaHa est visible à des dizaines de kilomètres à la ronde pour les voyageurs approchants. Un point de lumière étincelant dans l'obscurité d'un paysage désolé. Trois gardiens du feu se relaient pour veiller au bon fonctionnement du système.