Quelques animaux et plantes ont ici développé des modes d'approche et de communication basés sur la lumière. Mais ce sont surtout les mouvements de l'eau ou de l'air et les sons qui dénoncent ou signalent une présence. L'eau est opaque, huileuse, et donne au marais l'aspect d'une marée noire. Un tapis de mousses pourries recouvre la surface, alors qu'au fond une croute noirâtre dissimule et asphyxie une tourbe faite d'anciennes matières organiques. Une fois séchée, cette tourbe est combustible, mais elle dégage une odeur toxique et une épaisse fumée violacée et malsaine.
La faune :
Les brouillesLes brouilles ressemblent à des brumes, parfois tranquilles, parfois agitées de mouvements saccadés. Ce sont des nuées de poussières vivantes, faites d'insectes contaminés par l'archessence shankr. Une symbiose s'est opérée, la matière maudite ne gardant de l'insecte original que le mode de reproduction et de survie : le succion. Les bans de brouilles sont comme animés d'une conscience commune, partagée entre les millions de particules affamées. La symbiose est telle que les brouilles s'attaquent entre elles, et se repoussent dans des tourbillons frénétiques.
Les gigognesCe sont des échassiers au vol lourd et disgracieux, aux plumes-écailles recouvertes d'huile maraichine lubrifiante. Leurs longues jambes, solides comme du fer mais couvertes de sangsues, labourent la tourbe et en libèrent des particules organiques qui nourrissent de microscopiques seiches que les gigognes gobent avec leurs bec tranchants. Leur flore intestinale est emplie d'animaux parasites qui les dévorent de l'intérieur au point de tuer les gigognes et de faire un festin de leur charogne. Cadavre qui attire inévitablement d'autres animaux, eux même parasités. Les aventuriers, à tout moment, risquent d'être ainsi contaminés : seul un alcool très fort, pris quelques heures après l'ingestion, ou des produites toxiques peuvent éliminer le parasite.
Les congresCe sont de longs poissons aveugles, dont un tiers du corps est occupé par la mâchoire. Hermaphrodites, ils portent en eux même leur progéniture. Ils repèrent la moindre vibration de l'eau pour fondre sur leur proie depuis leur cache rocheuse ou leur tapis de vase.
Les flottesCe sont des crabes qui flottent à la surface, endormis, leurs pinces disproportionnées et affutées recroquevillées à l'intérieur d'une coque presque indestructible. Les colonies de flottes peuvent recouvrir des kilomètres carrés. Elles s'éveillent, dans un bruissement engourdissant, en réagissant au bruit, à la chaleur, à la lumière ou aux palpitations de l'eau. Les flottes fondent alors sur leur nourriture : c'est-a-dire toute créature vivante. Elles peuvent consommer les charognes durant de longues semaines.
Les crachotsCe sont des crapauds de la taille d'un cerbère, dont la langue se déroule sur plusieurs dizaines de centimètres en infligeant une piqure paralysante. D'autres crachent des poisons acides. Leurs coassements sont si puissants qu'on s 'attend, la première fois, à voir apparaitre une créature bien plus grande.
La flore :
Les gobeuses de brouillesElles attirent les brouilles en engluant des créatures vivantes dont elles se servent comme appâts. Certaines, en réponse à la taille des brouilles, font jusqu'à trois ou quatre mètres de haut.
Les muqueusesElles filtrent l'eau pour se sustenter, et en rejetant un mucus visqueux et gélatineux, parfois comestible, parfois mortel. Aussi est il préférable d'avoir l'avis d'un expert en la matière.
Les vasesCe sont des sortes d'amibes vivantes qui se confondent avec la tourbe au point d'accueillir elles aussi une faune et une flore. Elles s'éveillent pour piéger et phagocyter lentement des proies de taille importante.