Coulée la plus ancienne de Phénice, elle abrite de vielles familles aux souvenirs très anciens, remontant au temps des premières colonisations. La tradition s'est perpétuée de sorte que les petits fils des colons sont aujourd'hui les porte paroles d'une volonté expansionniste en vogue dans certains milieux phéniciens. Les neufs pasteurs de la Première Coulée prônent la colonisation des stallites les plus proches qu'ils voudraient transformer en greniers pour la grande cité de Phénice. Reprenant à leur manière le discours des nourrisseurs de la Fourche, ils estiment que les coulées finiront par ne plus pouvoir subvenir aux besoins croissants de la population phénicienne. Les neufs familles de la Première Coulée, érigées en aristocratie, dirigent leurs nourrisseurs comme de véritables dictateurs. On jure allégeance à la famille au cours d'une cérémonie, on promet de servir la morale et le courage phénicien au sacrifice de sa vie. Bref, chaque bocage ressemble à une petite seigneurie travaillant à la gloire de Phénice. L'architecture de la Première Coulée est épurée. Les avens se ressemblent, les nourrisseurs ne disposant que du minimum en matière d'habitation et de nourriture. Seules les familles fondatrices de la coulée disposent de petits palais faisant office de frontière entre chaque bocage.

La volière aux Rapaces

Les oiseaux ont toujours eu une importance cruciale pour les nourrisseurs des coulées. Pour la Fourche et l'Amicale, ils servent uniquement à équilibrer le système écologique en chassant les insectes. Pour la Première, la volière abrite avant tout des oiseaux de proie. Faucons, aigles et busards sont élevés par des oiseliers dans une vaste serre installée sur le flanc gauche de l'Atre. Une serre haute et majestueuse où les oiseaux peuvent évoluer à l'abri en attendant de chasser dans la coulée puis à l'extérieur. Ces oiseaux sont éduqués avec soin afin d'être livrés en temps voulu aux gardiens de feu et à tous ceux ayant les moyens posséder. Les oiseliers représentent parmi les nourrisseurs une caste a part entière, avec ses us et coutumes. La volière principale est le seul bocage à ne pas être sous la tutelle d'un pasteur. Ces derniers ont préféré lui accorder une franchise en échange d'une collaboration fructueuse. Désormais, les vielles familles de la coulée ont pris l'habitude d'acheter des oiseaux de proie devenus le symbole de leur pouvoir.

Le Bocage des Fournisseurs Armuriers

Les lieux appartiennent à la famille d'Arstacevoc. Cette serre dépasse en longueur et en hauteur toutes les autres serres connues. C'est ici que l'on veille jalousement sur les arbres qui nourriront la production d'armes phéniciennes nécessitant du bois. Bouleaux, pins, peupliers et autres espèces se côtoient dans un petit bois dont les conditions naturelles sont draconiennes. Il a fallu des décennies d'expériences et de désillusions pour obtenir cet agencement de différentes espèces ainsi que son renouvellement. Chaque mois, une délégation de bâtisseurs composée d'armuriers se rend sur place et examine avec soin le ou les arbres qui seront abattus. La rareté d'un tel matériau nécessite une extrême prudence dans le choix des arbres à abattre. On veille à couper les plus vieux ou ceux qui menacent de dépérir. Rien ne sera perdu Le bocage conserve les feuilles pour les décoctions médicinales.

Le Bocage des Hasardeux

Installé à la frontière entre la Première Marche et la Grande marche, ce bocage abrite l'ensemble des drogues fabriquées par les nourrisseurs. Protégé par la milice, le bocage tient à la disposition de ses clients deux établissements distincts. Le premier, surnommé l'Autre Rêve, est une maison bourgeoise décorée avec soin où l'on peut consommer les diverses drogues fabriquées par les hasardeux. Leur usage est strictement réglementé afin que personne ne puisse, en théorie, en consommer en dehors des murs de l'Autre Reve. En revanche, à l'intérieur toutes les drogues estampillées par les hasardeux sont consommables sans restriction. Les plus riches viennent ici gouter aux charmes des poussières de larmes ou même de l'opiate, même si la Marche des Lumière a fait savoir plusieurs fois que l'usage d'opiacés n'était guère en accord avec le dogme phénicien. Le deuxième établissement est surnommé le Hangar. C'est là que s'entassent les indigents venus gouter, grâce à un système ingénieux de conduits et de ventilateurs, aux effluves venant de l'Autre Reve. Une image qui, aux yeux de certains, illustre parfaitement le régime social en vigueur à Phénice.