La Ceinture de Nux est certainement le quartier le plus sulfureux de tout Phénice. Clairement délimité par l'embranchement de la coulée nourricière de la fourche toute proche, le quartier est entouré par une muraille percée par deux entrées gardées par les défenseurs. Cette vigilance tient aux activités du quartier, tolérés mais étroitement surveillés et circonscrites. En effet, c'est là que l'on peut trouver la plus part des cabarets où se consomment les alcools et les drogues les plus rares. Domaine de Nux, la ceinture abrite aussi les maisons de passes où officient les enfants de Nux, des prostituées tabous, où tous les plaisirs sont autorisés. Deux zones distinctes forment le quartier. La première est une rue suivant le rempart où pullulent les établissement de plaisir. Toujours encombrée d'une foule bigarrée, les éclairages y sont chatoyants et colorés et il est impossible de faire plus de dix pas sans être interpellé par un rabatteur. Par contre, plus on s'écarte de la ceinture extérieure, plus les rues se rétrécissent pour former des coupe-gorge nauséabonds où rodent les parias.
Tout le monde connait les sombres activités de ce lieu. Aussi il est coutume de revêtir un déguisement et un masque. Grâce a ce système d'anonymat, les riches n'ont pas à se soucier de la rumeur. Bien au contraire, ils aiment à se livrer à tout un jeu de réputation et de rôles au travers de ces déguisements. Une coutume qui tend à de véritables comportements schizophrènes.

Le Paradis Perdu

Depuis l'extérieur, rien ne différencie le Paradis Perdu des autres établissements qui pontent le parcours des noctambules le long de la Ceinture. Outre un débit de boisson toujours bondé, différents alcôves abritent des tables de jeux enfumées où circulent les fêtards et les hôtesses aguichantes. En fait, la renommée de l'établissement vient surtout de l'enfer qui y est installé en sous-sol. Seuls les meilleurs clients peuvent franchir la lourde porte qui permet d'y accéder. Là un gardien de taille imposante, flanqué d'un mémoire débauché filtre les entrées. Une fois passé ce barrage, les clients les plus exigeants peuvent accéder aux petits jeux qui font la réputation de l'endroit. Au gré d'un réseau de galeries, on peut rejoindre la foule des habitués à l'intérieur de salles au plafond bas, ruisselantes d'humidité et enfumées. La plupart des salles proposent des paris autour de combats interdits dans des fosses spécialement aménagées. Outre les classiques combats homme contre bête sauvage et autres duels entre gladiateurs drogués. L'attraction la plus courue est un labyrinthe étroit dont les plafond est remplacé par une paroi de verre. Les volontaires y sont plongés par une trappe vite refermée et doivent trouver la sortie sans succomber aux multiples pièges et surtout à la meute de rats affamés qui y pullule. Cette épreuve cruelle donne lieu à des paris hystériques très prisés par la clientèle excitée par la vue du sang. En général, les volontaires sont des fouineurs qui n'ont plus que leur vie à mettre en jeu.

Les Portes Fumantes

L'une des activités les plus connue et contestée de la ceinture est le commerce de drogue. En dehors de la rue circulaire qui borde le rempart, au gré des allées labyrinthiques, des enseignes énigmatiques indiquent à l'amateur l'entrée de fumeries ou de points de ventes. Selon la qualité des drogues proposées, ces établissements vont du sordide au somptueux sans jamais se séparer d'une aura de décadence. Les Portes Fumantes font partie de ces établissements offrant des voyages intérieurs aux amateurs de sensation fortes ou simplement désireux d'oublier. Située à l'entrée d'une allée mal éclairée, cette fumerie est signalée par une enseigne formée d'un bocal où s'agitent sans cesse des vapeurs phosphorescentes non identifiées. Une porte à judas s'ouvre sur un escalier tortueux dont les poutres sont finement sculptées de motifs oniriques. Plus bas, une antichambre décorée de tentures et de voiles permet de se reposer et de patienter en sirotant quelque décoction de champignons euphorisants. Une fois bien instillé, le client peut distinguer d'autres consommateurs dont l'éclairage diffus dissimule les visages tandis qu'autour des serveurs vont et viennent. Dans une pièce très sombre, lourde de fumées entêtantes, on peut s'adonner à toutes les drogues imaginables une fois installé sur une couchette. La drogue la plus commune est obtenue a partir de champignons séchés mais le patron est réputé pour ses nombreux contacts avec les marcheurs de la Halte des Lointains et ses arrivages en provenance d'expéditions phéniciennes sont très attendus. Derrière une dernière porte d'apparence anodine se cache une cave sordide où les drogués les plus désemparés et les plus pauvres peuvent venir fumer gratuitement les déchets consumés des clients les plus riches. Il peut arriver que certains consommateurs de l'étage supérieur soient jetés ici à la suite de délires incompatibles avec l'ambiance feutrée de l'établissement.